mercredi 15 juin 2011

Sfax, interdite de développement




Au milieu des années 80 un découpage du territoire divise la Tunisie en 8 zones dont le centre-est  qui inclut Sfax . La « capitale » de cette zone étant Sousse. Sfax devient une ville de seconde importance et perd son statut de capitale du sud et du second poumon économique du pays  et perd par conséquent le rôle de locomotive de toutes  les régions limitrophes.
Ce découpage est la manifestation tangible du plan machiavélique pour marginaliser la seconde ville du pays, une ville rebelle et qui ne s’est jamais alignée au Zaim et ensuite du policier-président. Ce découpage a eu d’énormes conséquences en termes de décisions d’investissements publics et d’aménagement du territoire.

Ce n’est pas pour rien que Sfax occupe la 18ème place en termes d’investissement public par tête d'habitant. 

L’autoroute arrive à Sfax 20 ans après Sousse.  L’aéroport n’a été aménagé que très tardivement  après une multitude de bagarres de la société civile locale (milieu des années 2000). Actuellement il ne fonctionne qu’à 5%.  

Sfax a été ainsi coupé des flux d’investissement étrangers. Sfax n’attire aujourd’hui que 3% des investissements étrangers  (en y incluant l’investissement majeur de BT) alors qu’elle représente 10% de la population. Sfax à loupé le virage de la mondialisation.  Le port ne fonctionne qu’à 30% de sa capacité et le projet de le modernisé pour accueillir des conteneurs reste encore sur le papier. Autre exemple dans le domaine des services nearshoring destinés à l’export, Sfax abrite à peine de l’ordre 500 emplois sur un total national de 27 000 emplois.

L’acharnement des autorités fiscales (contrôles fiscaux répétés contrairement à ce qui se passe ailleurs) et les incitations fiscales ont fini par vider Sfax de son industrie et de ses industriels pour aller s’installer dans les zones plus clémentes fiscalement. Sfax n’est plus le premier pôle industriel du pays qu’elle fut.

La qualité de la vie et l’état des infrastructures et des équipements publics est dans un état lamentable et indigne de la seconde ville du pays. Sfax a ainsi un taux de mortalité nettement supérieur à la moyenne nationale (de l’ordre de 10%) en raison des conditions de pollution qui sévit depuis les années 50. Aujourd’hui une des usines NPK est fermée la seconde SIAPE continue à produire par elle-même autant de pollution que toute la zone industrielle de Gabes. La décision de femer la SIAPE fut prise en 2008 pour être effective juin 2011. Toujours rien à ce jour et les rejets de l'usine continuent à parfumer la ville de ses senteurs.

Ces deux usines ont causé des dommages majeurs sur la littoral de Sfax coupant Sfax de sa mer. Une ville sur le côte mais qui tourne son dos à la mer par la force des choses. C’est tout de même étrange que beaucoup de quartiers anarchiques s’entassent sur la côte alors dans le monde entier le bord de mer est toujours la partie la plus huppée.
Les 420 hectares de taparura issus de dépollution de la côté nord infectée autrefois par la NPK) est une vraie opportunité pour Sfax mais encore faut-il impliquer tout le monde dans la conception du projet et sortir du "voir-petit".

Autre chiffre marquant, Sfax a un taux de mortalité sur les routes supérieure à la moyenne nationale (de l'ordre de 10%). Cela s’explique par l’état désastreux des infrastructures et l’absence de de transport public (j’avais 16 ans (j’en ai  46 maintenant) alors j’ai entendu parler pour la première fois du métro de sfax dont l’étude devrait se faire sous peu nous dit-on) . Routes et chaussées inadaptées et dans un état désastreux et soumis à la pression d’une circulation intense des automobiles  et des taxis individuels transformés en taxi collectifs (contrairement aux dispositions de la loi) font qu'on a plus de chance (façon de parler!!) de se faire tuer sur la route sur Sfax.

Sfax a vu naitre un grand nombre de quartiers « sauvages » abritant  131 000 personnes issus d’un exode rural non maitrisé et non géré. Ces quartiers occupent aujourd’hui moins que 2% de la superficie de la ville. Ceci veut dire des conditions de vie indignes, une vie  ni rurale ni citadine. Aujourd’hui ces quartiers exigent plusieurs centaines de millions de dinars d’investissement pour les réhabiliter, les intégrer dans la vie de la ville et pour donner à leurs résidents des conditions de vie décente. Beaucoup de ses fils/filles été obligés de quitter leur ville à la recherche d’un emploi prometteur ou de conditions de vie plus agréables. Cet exode à double sens fait que le niveau du pouvoir d’achat a été baissé entrainant une paupérisation perceptible.

Autre illustration du retard du développement ; le prix du mettre carré est de l’ordre de 80-150 dinars dans les zones pour maison individuelles alors que la même chose sur Tunis serait de l’ordre de 500-700 TND et de 300-500 TND sur Nabeul ou Sousse.
Le retard du développement de Sfax n’a pas été le fruit d’un hasard mais d’une politique pensée et réfléchie par Bourguiba et ben Ali. Maintenant la donne a changé. Sfax a les moyens de reprendre son rôle et de redevenir le second poumon de la tunisie, un poumon dont la Tunisie a grandement besoin mais cela ne se fera pas sans une mobilisation et une solidarité de tous les citoyens de Sfax.

1 commentaire:

  1. Mr Imed a vu juste, mais il a omis de préciser que'la politique bien pensée' ou plutôt très mal saine de Ben Ali a été directement dictée par ses conseillers qui sont pour la plupart des étrangers, afin de mettre à plat toute chance de développement de la Tunisie et compromettre son indépendance économique; une indépendance économique qui a été le cheval de bataille du régime Bourguiba,car il faut bien saisir 2 points importants: Premièrement: en sabotant la région de Sfax c'est toute la Tunisie qui est sabotée;deuxièmement: la haine qui existe à l'encontre des Sfaxiens n'est pas du au hasard, d'ailleurs que reproche t on aux Sfaxiens? On leur reproche d’êtres de grands bosseurs?On leur reproche de bien réussir en affaires et de créer de nouveaux emplois? Cet
    anti-Sfaxime que je qualifierais'd'idiopathique'est en fait le résultat d'une compagne médiatique bien ficelée ayant duré des décennies et qui a été organisée par des groupes d'influence étrangers, qui opèrent moyennant plusieurs agents y compris des Tunisiens et qui voient d'un très mauvais oeil une ville comme la ville de Sfax caractérisée à la fois par son dynamisme économique et son conservatisme culturel, devenir un pôle économique en méditerranée.Pour s'en rendre compte il suffit pourtant de chercher dans nos 'propres' journaux Tunisiens des 30 dernières années , qui chaque fois qu'ils parlent de Sfax ils la présentent comme une ville peu importante, donne toujours des chiffres erronés:-un taux de criminalité le plus élevé de la Tunisie, la vérité est exactement le contraire-4ème ville en terme des investissements de l'état, laisse moi rire-revenu moyen par habitant parmi les plus élevés,blabalbla... et j'en passe.Une fois je me rappelle qu'un 'journaliste' a écrit que les Sfaxiens ont aidé les Français à coloniser la Tunisie,trop farfelu comme théorie qu'on ont sait qu'au cours de la colonisation Sfax a subit un embargo qui a duré 18 mois suivi d'un bombardement continu pendant 5 jours causant la mort d'une centaines de martyrs et la destruction de 50% de la ville. Rendez vous compte alors que ce problème dépasse et de loin le cadre étroit du régionalisme qui même s'il subsiste, ne peut en aucun cas justifier à lui seul une politique aussi 'masochiste'.Je reste malgré tout optimiste, un jour les Tunisiens finirons par ouvrir grand les yeux et réaliser l'ampleur du 'désastre Sfaxien',il se rappellerons alors que l'on constitue un peuple uni,et que la petite différence culturelle qui existe entre les régions constitue en fait un élément d’enrichissement pour notre pays qu'il faut respecter,protéger et valoriser.

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