Dans quelques jours, un texte de loi classant la ville de Sfax comme ville touristique paraîtra dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT). Selon une source informée à la municipalité de Sfax, les deux ministères de tutelle, à savoir l’Intérieur et le Tourisme (dans le gouvernement Béji Caïd Essebsi) avaient donné leur approbation. La parution de la décision dans le Journal officiel sera la dernière étape pour l’entrée en vigueur.
Préparé par la Commission du tourisme de la municipalité de Sfax pendant l’ancien mandat, le dossier a été repris par la nouvelle équipe nommée après la révolution, qui a fait de ce dossier son cheval de bataille. Cette équipe estime que ce classement devrait aider la ville à profiter des interventions et autres avantages accordés par le Fonds de développement du tourisme du ministère de tutelle. Car, créé en 1993, ce Fonds apporte son soutien aux municipalités et aux zones touristiques dans les domaines de la propreté et de l’assainissement.
Pour ce faire, l’étude de la municipalité a répertorié certains points noirs qui méritent une attention particulière, à savoir entre autres la détérioration de la qualité de l’environnement urbain et humain dans la zone du parcours touristique, la régression de la qualité et le nombre d’activités dans les souks de la Médina, ainsi que le délaissement du patrimoine architectural et historique. D’où l’importance de ce Fonds pour remédier à ces lacunes.
Pour certains, le secteur touristique à Sfax pourrait être qualifié d’atypique, étant donnée qu’il n’est pas basé sur le tourisme balnéaire. C’est cela que “Sfax, ville touristique“ n’aura pas la même résonnance que celle des villes comme Hammamet ou Sousse.
D’ailleurs, même si l’on n’en parle pas, Sfax a enregistré ces dernières années, dans ce domaine, un développement remarquable, notamment en matière du tourisme de congrès, de santé et d’affaires, et ce à travers l’organisation des manifestations économiques, sans oublier le nombre important de patients libyens qui viennent se soigner dans cette ville, ce qui a permis le développement des structures sanitaires.
A noter que Sfax compte 42 unités hôtelières, essentiellement de ville (sauf ceux de Kerkennah), avec une capacité de 3.274 lits. Parmi elles, 14% sont non classées, 62% varient entre les non classées et des deux étoiles. La région dispose de 9 restaurants touristiques et de 24 agences de voyage.
Selon les statistiques fournies par l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), 170 mille libyens avaient séjourné dans les unités touristiques, mais la majorité avait choisi l’habitation dans des maisons louées.
Venant en voiture et en famille (parfois nombreuse), le Libyen aime vivre dans un environnement traditionnel, c'est pour cela qu’il a recours à location de maison à la nuitée (entre 20 et 70 dinars la nuit selon le degré de confort de la maison). D’ailleurs, le phénomène est visible à Sfax comme dans le sud tunisien; et ces deniers temps, Tunis a emboîté le pas.
Tout un circuit mais aussi des activités connexes se sont développés pour répondre à un tel besoin (location de maisons, rabatteurs, femmes de chambres et autres) surtout dans les quartiers où se sont implantées les cliniques de la ville et dont le nombre s’est multiplié par trois en 5 ans seulement. Ce phénomène est le résultat de la hausse de la demande de la part de nos voisins. 43% des malades libyens qui se soignent en Tunisie choisissent Sfax –proximité géographique oblige.
Selon l’étude réalisée dans le cadre de la stratégie de développement du Grand Sfax, quelque 500.000 libyens avaient séjourné dans la ville de Sfax en 2009, représentant ainsi le double de la population locale dans la zone urbaine.
Cependant, tout le monde s’accorde à dire que la classification de Sfax comme ville touristique n’est pas une fin en soi. Une étude sur ce genre de tourisme et la réglementation du tourisme chez l’habitant l’aideront sûrement à développer ses capacités et son environnement pour être réellement une ville touristique. Les habitants y croient énormément mais il reste beaucoup à faire en matière de propreté et surtout en animation. En plus de l’amélioration des services de santé, le divertissement est aussi à l'ordre du jour. Le projet Taparura pourrait répondre à cette attente.
Alors, on commence à rêver davantage: Sfax, ville touristique sera-t-elle classée comme patrimoine mondial de l’UNESCO? Des équipes de la ville y travaillent déjà et son classement ville touristique pourrait l'aider dans ce domaine. Joindre l’utile à l’agréable est possible tant qu’on y croit. Et à Sfax, on y croit fermement. Syphax Airlines en est une preuve!
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